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PEREGRINATIONS
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CYCLISME ULTRA.....kezaco ? Leçon 2/A

CYCLISME ULTRA.....kezaco ? Leçon 2/A

LESSON 2 - NE PAS CONFONDRE / DON'T GET CONFUSED

Remarque liminaire :  le thème que j'avais annoncé pour la leçon 2 sera traité plus tard......pour l'instant , à cause de remarques entendues ou lues ici ou là, ce sont les différences entre épreuves ultra et épreuves type brevet de (très) longue distance qui retiennent mon attention - certes cela aurait dû faire l'objet de la leçon 1, mais too late!! So sorry.....

Rappels :

  1. Je suis une néophyte de l'ultra, et mes 'leçons' ne sont là que pour guider votre 'praxis' débutante, ainsi que la mienne !,  ou lever certaines des questions abondantes et parfois teintées d'angoisse qui se lèvent dans l'esprit de l'apprenti-ultra
  2. Mes 'leçons' ne sont pas des textes officiels ou faisant autorité quant aux statuts du cyclisme ultra - simplement une synthèse de ce que j'ai lu, entendu ou expérimenté, et donc sujet à caution !
  3. Je ne suis pas capable de maintenir une approche docte et disciplinée et débarrassée de tous à priori très longtemps, qu'on se le dise - mais j'ai bien l'intention d'être pragmatique dans mon approche (en digne afficionado du monde anglo-saxon !)  Alors je vous en prie, gardez votre sens critique en éveil, ne prenez pas mes propos pour argent comptant, et surtout que les ultras authentiques n'hésitent pas intervenir dans la rubrique Commentaires pour  venir qualifier, rectifier mes erreurs d'interprétation ou omissions.

D'abord, entendons-nous bien sur les termes ! Afin de lever quelques ambiguïtés.......et de faire le tour de certaines différences de taille qui induisent des approches diamétralement opposées entre Ultra (avec ou sans assistance) et Grand Randonneur Cyclotourisme/Cyclosport.

  • Participer à une épreuve ultra (avec:sans assistance) n'est  pas la même chose que participer à une randonnée très longue distance chronométrée comme le BPR ou le PBP, avec ou sans classement.  

Première différence fondamentale

  • L' abri dans les roues étant interdit en ultra, cela signifie que l'Ultra n'est autorisé qu'à une seule chose : avancer toujours  seul vent de face et vent de  dos ou de côté ;  avancer seul le jour  et la nuit ;  avancer seul dans la campagne et dans les centres  urbains. Au mieux, il aura en point de mire un autre compétiteur ou pourra rouler de concert avec un ou plusieurs autres compétiteurs, mais TOUJOURS de front, jamais dans les roues (mais ceci est en fait très rare et ne dure jamais longtemps, vous comprendrez pourquoi au point suivant) Un ultra GR doit donc accepter (et même accueillir avec joie !) la très grande probabilité de passer plusieurs heures d'affilée dans la plus grande solitude ( les routes empruntées ne sont pas celles du Kalahari....mais la nuit dans la montagne de Lure, sur les routes de la haute Provence ou les ballons d'Alsace, ce n'est pas la foule et quand on n'aperçoit plus aucune lumière falotte dans le paysage, l'imression de solitude devient totale)
  • Alors que le Grand Randonneur Cyclotourisme/Cyclosport ( type BPR ou BPB)  avance en peloton, en petit groupe, avec un seul compagnon...ou seul s'il le décide. Sur le PBP, la solitude n'existe pas pour un GR - même dans le coin le plus reculé, il suffit de s'arrêter sur le bord de route, et d'attendre quelques minutes pour voir arriver un autre grand randonneur, même au plus noir de la nuit, même sous les trombes d'eau.

Deuxième différence fondamentale

  • Les participants aux épreuves ultra sont en nombre limité - une cinquantaine pour les épreuves européennes, environ  250 pour la Furnace Creek 508 par exemple ......et ce nombre inclut les solos mais aussi les équipes (dans une équipe les coureurs se relaient....donc une équipe de 4 coureurs signifie un seul coureur à la fois sur la route, pas 4 !).  Sur la 508 cette année, seulement 80 solos. Donc un minimum de participants répartis sur un maximum de km.......facile de voir l'effet direct de cette situation : il est fort probable que l'ultra pédale des heures entières sans même voir l'ombre d'un des autres compétiteurs, une fois les positions bien installées.....Autre effet : si deux ou trois ultras se suivent à peu de distance, ils risquent de se suivre de longues heures, et là une tension d'un autre ordre s'installe. La solitude durant de longues heures, dans l'ignorance de la position des autres ultras, peut être déstabilisante - mais l'impossibilité de se séparer d'un ou plusieurs compagnons  à distance peut l'être tout autant ! Là est peut-être l'un des paradoxes qu'il faut apprendre à gérer au mieux rapidement. L'objectif des ultras est donc la meilleure gestion possible de cette présence/absence de l'autre !
  • Les participants aux épreuves très longue distance cyclotourisme/cyclosport sont eux très nombreux, plus de 5000 pour le PBP 2007 par exemple ! Et à l'exception de quelques rares inconditionnels de l'effort solitaire, tous recherchent la compagnie, l'abri dans les roues lorsque la forme est déclinante, la prise de relais  lorsque la forme est ascendante, le dialogue pour échanger, se rassurer, encourager....etc. Donc pas de paradoxe au fragile équilibre à gérer, l'objectif est clair pour pratiquemment tous, ne pas être seul !

Troisième et quatrième différences fondamentales

  • Les participants aux épreuves ultra sont si peu nombreux qu'ils font l'objet d'un suivi attentif de la part des organisateurs....non, non, ce n'est pas non plus 'Big Brother is Watching You' !  Les postes de contrôle sont situés en moyenne tous les 80 km, et si l'un des ultras ne pointe pas dans un délai vraisemblable par rapport à son temps de pointage au poste de contrôle précédent, l'information est relayée au PC de course - l'ultra est alors joint par téléphone portable (j'ai testé sur le RPE ! Xavier et alain m'ont assaillie d'appels sur mon portable au petit matin, après que je me sois fourvoyée du côté de Manosque.....). Cet aspect est bien sûr fondamental pour l'ultra Grand Randonneur et sera repris ultérieurement.
  • D'ailleurs, pour éviter toute recherche d'un ultra manquant à l'appel, il est exigé par le réglement que les temps d'arrêt supérieurs à 15 mn soient déclarés au PC course ou à l'un des points de contrôle. Bien sûr, l'effet le plus immédiat de ce dispositif est que les longs arrêts (supérieurs à 15 mn) ne font pas partie de la stratégie de course des ultras ! En fait, nous avons tous en tête de nous (1) arrêter le moins souvent possible, et le moins longtemps possible, 10 mn représentant un temps extraordinairement long - l'ultra n'aime que le mouvement, l'arrêt lui est contre nature et pesant ! En découlent donc de nombreuses conséquences au niveau de l'alimentation, de la boisson, de la gestion de l'itinéraire/navigation, des vêtements emportés.

             (1) je dis 'nous' car cela vaut pour le plus rapide des ultras comme pour le plus lent !

  • Les participants aux brevets cyclotouristes/cyclosport de très longue distance voient également leurs différents temps de pointage enregistrés mais ils ne font pas l'objet du même suivi attentif, c'est clair ! Et  bien sûr, c'est une motivation à avancer / ne pas abandonner en moins !
  • La plupart des participants aux brevets type PBP ou BPR prévoient leur stratégie de course en fonction des arrêts, soit qu'ils les planifient à l'avance soit qu'ils décident de se les octroyer selon l'envie ou le besoin. L'effet est le suivant : l'arrêt devient un but, ce vers quoi le cycliste tend et qui lui  est indispensable ! Bien sûr, l'objectif n'est pas de le faire durer le plus longtemps possible, mais de le faire durer suffisamment longtemps pour avoir le temps de se restaurer avec un vrai repas,  de se changer, de soigner les petits bobos,de prendre quelques minutes ou heures de sommeil, voire de taper la conversation.......10 mn n'y suffisent pas !

De cette dernière différence, je pourrais vous parler longuement, car c'est celle qui a nécessité le plus grand changement dans mon approche de l 'ultra. Et ce ne fut pas le changement le plus facile à opérer, je vous assure !
Et l'adaptation n'est pas encore complète !!

La tentation de l'arrêt réconfort (petit dej café/croissant au chaud dans un café, ou en terrasse au soleil, par exemple, dégustés en prenant mon temps et mes aises) est une vision subliminale qui a hanté ma nuit dans les ballons vosgiens (mais à laquelle je n'ai pu succomber car j'avais David et Laurence, mon équipe d'assistance, à mes basques !!) ; auparavant, j'avais sacrifié à cette tentation au petit matin du RPE, incapable de résister à mes sirènes intérieures au moment où la fatigue est au plus haut !!
La gestion mentale des arrêts est donc, en ce qui me concerne, une différence fondamentale entre l'ultra et le brevet très longue distance.
Mais ce ne l'est sûrement pas pour tout le monde !

 

Well, the end for tonight.......... mais peut-être pas de cette 'Lesson Two'.....nous verrons cela demain !

And now, breaktime with a Belgian video:


[Vidéo : famille Jorris]