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PEREGRINATIONS
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BRM 300 km : Tour du Vercors

BRM 300 km : Tour du Vercors

BRM 300 km : Tour du Vercors

Quelques mots sur ma participation à ce Brevet des Randonneurs Mondiaux, au départ de Grenoble, et qui était organisé le dimanche 26 mars, par Jean-Philippe Battu. 

Il y avait longtemps que je n'avais pas pris le départ d'une randonnée vélo en milieu de nuit, et l'idée me plaisait bien - toujours bon de changer les routines établies. 

Et puis dans la perspective de la Flèche Velocio, c'était l'opportunité de me préparer à 24 heures sans sommeil. Et de tester la Led Lenser acquise il y a peu. Et bien sûr de voir où j'en étais au début de cette seconde phase de ma préparation à la French Divide début août. 

Je connaissais une bonne partie de l'itinéraire, seule la portion médiane m'était inconnue. La pensée de voir le jour se lever sur le Trièves et l'Obiou me réjouissait à l'avance. Enfin, la promesse de revoir Jean-Philippe, Robert et Jean-Michel, achevait de me mettre en joie ! 

Toutes ces allégresses promises se sont concrétisées, sauf celle de passer du temps à papoter avec les copains, entraperçus au départ seulement, ou sur les pentes du col du Fau, ou côtoyés pour quelques trop rares kilomètres après la descente du col de Cabre. 

Le déroulement d'un BRM est toujours imprévisible, et comme je me plais à n'écouter que mes sensations  et l'objectif que je me fixe - en l'occurrence concéder le moins de temps possible aux arrêts contrôle et ravitaillement, j'ai fait route à mon rythme, sans faire d'efforts indus et sans m'occuper des compagnonnages désirés. 

Le brevet est passé comme une lettre à la poste, les heures ont  défilé sereinement. 

La sortie de l'agglomération grenobloise effectuée  aux avant-postes du groupe d'une cinquantaine de cyclos conduits par Jean-Philippe, puis la montée du col du Fau dans les roues de deux bons éclaireurs m'ont permis une mise en condition progressive, sans hâte. La nuit était douce, l'obscurité plaisante, et les voitures rares. Après les propos à bâtons rompus échangés avec Jean-Mi en partie urbaine, je me plus à être silencieuse et écouter les conversations de mes compagnons les plus diserts. 

Alors que je me lançais à leur suite dans la première descente, j'eus la fâcheuse idée de vouloir changer de mode d'éclairage - nuit noire...arrêt rapide sur le bas côté pour remédier au problème. Vite repartie, j’étais désormais seule et allais le rester jusqu'à Die, à l'exception de quelques rares moments. J'en fus fort aise, et en ai profité pour goûter intensément à cette heure de fin de nuit, lorsque le froid se fait plus intense et que les contreforts des montagnes environnantes se laissent deviner dans l'obscurité. Dans les derniers kilomètres avant le col de Lus La Croix Haute, le jour se leva progressivement - magie du panorama, des montagnes blanches rassemblées en arc de cercle avec l’Obiou comme éminence lumineuse - petit temps d'éternité savouré malgré le froid très prégnant. 

Au sommet, plusieurs de mes compagnons d'avant étaient en pause, je pris juste le temps de refermer mon coupe vent, et hop. La descente en faux-plat jusqu'à Aspres-sur-Buech fut refroidissante à souhait ! Herbe givrée, brumes matinales exsudées par les eaux tumultueuses du Buech. Froidure humide qui transperce. Je fus alors contente de ma résistance mentale au froid, acquise durant quelques longues sorties Gravel en janvier. Je me suis réfugiée en mon for intérieur, chaud et doux, et ai laissé l'extérieur se refroidir sans émoi. 

Arrivée à Aspres, pieds et mains étaient glacés malgré mon souci constant de les bouger pour garder un semblant de circulation sanguine. Arrêt au premier bar aperçu pour une première pause : il y avait là plusieurs compères, certains frigorifiés. Un coup de tampon, deux cafés, une demie baguette fraîche avec du beurre et de la confiture, quelques paroles et rires, un petit tour aux toilettes et c'était reparti. 

J'avais hâte de me réchauffer sur les pentes du col de Cabre. Les muscles des jambes mis à mal par le froid de la descente, je fis une ascension sur le mode escargot mais n'en eus cure :  les cimes enneigées sur fond d'azur, les arbres habillés de leur blanc manteau, le contraste entre la blancheur des talus et le sombre goudron, les lacets et virages visibles à flanc de montagne, le soleil qui dardait ses rayons dans mon dos, les chants et cris des oiseaux, tout cela formait un décor de rêve pour l'habitante de la vallée du Rhône que je suis. Je remerciais le ciel de cette toute récente chute de neige. Impossible de ne pas m'arrêter pour prendre une ou deux photos. Quelques mots échangés rapidement avec d’autres BRMistes au sommet, et enfin une vraie descente. Mais d’abord un virage en épingle difficile à négocier car entièrement verglacé, des traces de neige sur la route auxquelles il faut prêter attention. Ensuite, il n’y a plus qu’à laisser couler, en essayant de ne pas trop me refroidir à l’ombre des sapins…..Jean-Mi, plus habile que moi à ce petit jeu, me dépassera à mi-descente. Comme souvent dans les cols, des inscriptions encore lisibles au sol me font me souvenir d’images du Tour de France, de l’intensité de ce temps estival passé à vivre l’aventure par procuration. Bonheur. 

BRM 300 km : Tour du Vercors

S’ensuivit une longue, longue portion de plat. Je rattrapai Jean-Mi, puis il s’arrêta. Je continuai, nez au vent, les yeux perdus dans les montagnes du Diois, les pensées je ne sais trop où, tout en appuyant sur les pédales. Un peu avant Die, un groupe en file indienne me dépassa - l’un d’entre eux me héla avec un « Allez viens, on t’emmène ! ». J’attrapai le train en marche et, une fois reposée de mes efforts en solitaire, me joignis à la valse des relais. Cette portion entre Die et Crest, probablement la moins plaisante du parcours, fut ainsi avalée rapidement et me donna le plaisir de rouler en petit peloton, ce que j’apprécie toujours. L’occasion d’un peu de fractionné également. L’autre effet positif fut que nous réussimes à rejoindre Crest, et surtout une boulangerie, juste à temps avant l’heure de la fermeture.Ouf !! 

Procédure classique du point de contrôle : achat d’eau, jus de fruit, fougasse ; recharge du Garmin ; déshabillage et paquetage ; rapides étirements et marche sur place tout en mangeant ; exercices de mobilité des poignets, chevilles et cou….tout en discutant avec les deux randonneurs rescapés de notre petit peloton. Henri et Bernard, ce dernier étant du Team Vercors. Paris-Bresteurs et Diagonalistes tous deux. Impeccable, j’avais trouvé là deux compagnons de grand choix. Hasard des plus heureux. Notre arrêt à Crest n’excéda pas la demi-heure. 

Notre trio allait résister aux cent derniers kilomètres - ils n’ont jamais voulu me laisser en arrière ! Je faisais les descentes devant, eux se partageaient le reste, et notamment ce faux-plat montant usant au revêtement accrocheur après Chabeuil - j’ai manifestement eu le plus beau des rôles. Et ils m’ont même attendue lorsque j’ai fait demi-tour pour faire la bise à Alice, croisée en sens inverse - heureuse surprise ! Puis lorsqu’il me fallut mettre mon Garmin en charge, après le contrôle à Saint Nazaire. 

Bientôt ce fut la piste cyclable - au passage, j’ai reconnu le bar où nous avions dégusté un demi en terrasse avec Alice, Robert et autres tullinois, il y a un an. Je reviendrai…

Sur la piste cyclable, longue de 34 km tout de même, nous avons eu le renfort de Patrick, vraie machine à pédaler. Je me suis contentée de rester à l’arrière, faisant des efforts pour ne pas lâcher les roues car je commençais à manquer de carburant.  Surtout ne pas me crisper, rester relax, et respirer tout en profitant de ces derniers moments en bord d’Isère, dans la verdure printanière. L’ arrivée fut vite là. 17h35.

La carte de randonnée mise dans la boîte, de nombreux remerciements de ma part, les souhaits de bon retour, les espoirs de se revoir, et ce fut le temps des bises. Merci Henri, Bernard et Patrick !

Puis le vélo dans la voiture, bu un peu, mangé un peu, et retour par l’autoroute jusque dans mes pénates. La tête pleine de soleil, et de joie, la boîte à souvenirs pleine à ras bords. 

Yeah!!!!