Février arrive bientôt à son terme, encore une petite dizaine de jours. Relativité subjective du temps, comme souvent en cette fin de période hivernale.
Le temps professionnel semble s'étirer à n'en plus finir, à l'image d'une pâte de guimauve suave, écoeurante et artificielle qui me collerait aux doigts. Une des raisons à cela : au fur et à mesure que le calendrier nous guide vers la fin du mois, je me languis de longues séances d'entraînement à l'air libre.
Tentative d'explication matérialiste et chimique - et très basique : probablement la faute au manque de vitamine A, et pourtant je ne pleure pas le beurre sur mes tartines du matin !
Autre essai d'explication, plus iconoclaste encore : l'homme est essentiellement nomade, et la mobilité réduite le plus souvent aux quatres murs d'une pièce (bien sûr, les séances en extérieur garantissent un minimum, mais si peu de belles échappées au long cours), si agréable soit-elle, opère progressivement sur moi comme une asphyxie, une dé-génération - après avoir été un temps de ré-génération. Ainsi va le cycle de la vie, roue toujours en mouvement !
Heureusement, sportivement, ce mois de février aura acquis une vitesse d'exécution peu ordinaire, en ce qui me concerne. Je boucle demain la troisième semaine du plan d'entraînements croisés 2EP, en prépa de mes 'objectifs' trail et vélo route. Et je n'ai pas eu le temps de moisir ou de m'alanguir ! Hypervélocité et force sur le HT, rythme en bosses et force sur la route, leçons de natation (yep, j'apprends le crawl !! d'ailleurs, j'apprends à nager - tout court !), séances fitness ou PPG, séances VMA, allures spé ou travail en côtes, et footing à jeun ou le soir tard en nocturne, à la petzl : le tout en course à pied nature, voire sur piste (premier essai de séance avec les membres fort sympas de la section hors-stade du RCV mardi dernier).
Le matin, au réveil, ce n'est pas ma liste de courses pour les menus du jour que je consulte, mais mon plan journalier concocté par Patrick.
Parfois, ai même ressenti comme un haut-le-coeur à la lecture de la séance qui m'attendait - oh my God! ce que ça va faire mal. Et certaines séances ont effectivement été dures à passer, telle celle en course à pied de vendredi dernier : 20 x 30"/45" en côte - tellement mal que j'ai été incapable de compter correctement, et n'ai réalisé que 18 montées (clair que j'allais pas en rajouter 2 !).
Lors de ces séances solitaires si difficiles de VMA ou même à allure spé (lsurtout celles où 'il me faut être haut dans les tours), immanquablement se profile la question, fugace : mais qu'est-ce qui te pousse à fournir cet effort somme toute dérisoire, sans rien lâcher ? Si vous avez des suggestions, elles sont les bienvenues ! Pour l'instant, me suis contentée de la question - tant que je réussis à réaliser ces séances qui me semblent effrayantes sur le papier - et dans mon corps, aussi, faut bien le dire ! - ben, je ne m'apesantis pas trop, je cours ou tourne les jambes au max !
J'apprends à tenir, seconde après seconde, parfois minute après minute. Et aussi surprenant que cela paraisse, je réalise que j'étais incapable de ceci auparavant. Just think of it! En un mot, je suis en train d'apprendre à devenir une athlète sachant s'entraîner ! Jamais trop tard pour bien faire certes, mais là cela devenait urgentissime !
Les trois semaines, je ne les ai donc pas vues passer. Et au côté des instants à bout de souffle et couleur rouge écrevisse, de très beaux moments, bien sûr. Ma rando solo dans le nord ouest de Dijon, mes séances typées trail dominicales et matinales dans les combes à l'ouest de Dijon - solo ou en compagnie d'Eve alias Jupette et parfois de Reynald alias Fulgurex, la séance trail en nocturne effectuée avec Cat dans les chemins de Creuzier (comme un air des Hauts du Hurlevent - vent, froid, lumières de la ville en contrebas, horizon d'encre, air vif et pénétrant qui nous enserre et nous emporte), séance de force sur vélo route dans les paysages et lumières autour de St Agoulin et ce panorama qui s'ouvre sur les monts Dôme, figures tutélaires et magiques assoupies dans l'ombre là-bas tout au fond (désolée de la pauvre qualité des photos, mais mon 'smart phone' est de la première génération), autre espace balayé par le souffle hivernal. Egalement, ces séances jogging au petit matin ou le soir, au clair de la lune pleine - full moon! Les Indiens d'Amérique du nord ne croyaient-ils pas que les nuits de pleine lune étaient sacrées ? Amusant : les tribus du nord avaient surnommé la pleine lune de Février 'the Full Hunger Moon' - la boucle est bouclée, j'en reviens à mon propos initial : ma faim de grands espaces et de douceur des températures !
Il me faut me hâter - séance vélo route au programme de ce samedi matin. 2 h sur parcours vallonné, rythme maximal en bosses, en danseuse. Et demain la course nature de Serbannes : ça va pulser ! A défaut de pouvoir dire, à l'instar de Ghislain Lambert : "..ça va gicler dans les bosses, mon salaud !".
:-)
Post-séance route de cette fin de matinée : deux photos des monts Dôme, prises ce matin avec mon appareil photo (emmené pour la circonstance) en haut de la côte de Vensat direction St Agoulin (de la grisaille, pas de soleil - et même des gouttes de pluie là-haut, mais l'harmonie austère de cet endroit en est d'autant plus pregnante). Ils sont si beaux ces monts Dôme, et notre Puy de Dôme si émouvant avec sa calotte neigeuse toute fraiche, il faudrait autre chose que des instantanés de pacotille pour leur rendre justice - but that's all I've got right now, donc faudra faire avec !
[texte et photos : Pat]