Fevrier 2010 - Alaska : Mike Curiak parcourt l'Iditarod Trail, de Knik à Nome, à vtt, en 22 jours, et surtout en autonomie complète.
Bien sûr, le mieux est d'abord de visionner les 3 films de Mike Curiak sur cette aventure absolument hors normes , qu'il qualifie de l'expérience la plus enrichissante qu'il ait jamais vécue - et pourtant il avait déjà engrangé de sacrés morceaux de bravoure entre 2000 et 2005 tels l'Iditarod Invitational gagnées trois fois (la 350-mile et la 1,100-mile) et la Great Divide MTB Route (2,711 miles) dont il a marqué la première édition de son empreinte.
Depuis, il a cherché et trouvé une autre façon de vivre l'ultra, loin de la course et de ce qu'il ressentait comme des dérives, plus en accord avec son désir profond d'évoluer sans aucune assistance, sans gps, en autonomie complète (il emmène toute la nourriture qu'il lui faut pour 3 semaines, son matériel bivouac, etc...sur son vélo) puisque jamais il ne s'arrête sous abri autre que celui de sa tente, et jamais il ne mange ou ne boit autre chose que ce qu'il a embarqué sur son Moots.
Alors, si jamais vous passez par Grand Junction, Colorado (pas impossible... car à proximité de Fruita, l'une des grandes mecques vététistes de l'ouest américain, avec le Moab), faites un tour par Big Wheels, la boutique de Mike Curiak.
Big Wheel Building, c'est le nom de son blog qui, si vous le parcourez, vous séduira - les photos sont absolument divines et racontent des histoires toutes plus merveilleuses les unes que les autres.
Egalement, une belle collection de vidéos sur Viméo.
Retour sur l'Idita en autonomie complète de Mike Curiak (pour une présentation générale de l'itinéraire, voir articles sur édition 2010 de la course Iditarod Invitational, dont le parcours calqué sur la piste Iditarod menait et mène encore attelage de chiens et mushers puis snowmobiles jusqu'à la côte nord alaskane)- les vidéos en donnent l'essence. A travers les photos et les images filmées, mais aussi grâce aux commentaires enregistrés sur le vif par Mike Curiak. Seul problème pour nous français, Mike Curiak s'exprime en anglais. Pour vous aider à mieux comprendre, voici quelques pistes.
Vidéo 1 : de Knik à Mac Grath (8 premiers jours)
Conditions météo clémentes, voire trop chaudes, car neige molle, trop. Du côté de Rainy Pass, Mike Curiak a dû affronter une tempête et des conditions difficiles : il a été réduit à progresser très lentement (à peine 1 km/h) à cause du manque complet de visibilité. Obligation de s'arrêter tous les 10 pas, afin de distinguer la piste.
Puis brusque retour à des températures hivernales. Mike Curiak réalise, à retardement, que la température a chuté de 25° F. Mais pas de souci, il en est heureux, car il avait trop chaud la nuit !
Il parle ensuite des chansons qui lui viennent sans y avoir été invitées, au beau milieu de cette solitude. Et qui, pour certaines, lui restent en tête plusieurs jours - même s'il ne les a jamais appréciées ! Chansons de Bob Dylan, Bow Wow, des Beasty Boys ou Fat Boys.
Sous la tente, à la lumière de sa lampe frontale, il égrène 3 prises de conscience : 1- il peut enfin ôter ses lunettes de soleil 2- il lui faut moins de temps pour penser que pour parler 3-il a mis la mécanique de son vtt à mal....Humour et mise à distance !
Plus tard, il exprime son bonheur à pouvoir n'être entouré que de silence - de ce silence qui permet de penser sans jamais être interrompu.
Vidéo 2 : de Takotna à Kaltag (7 jours) - Intérieur alaskan et le Yukon
Mike Curiak se souvient avec amusement des propos d'un de ses auteurs préférés, Ed Abbey, à propos de l'Alaska. Région où il ne se rendrait jamais mais qu'il tenait pour nécessaire, car nous avons autant besoin de la possibilité d'une échappatoire que de l'espoir. Moment littéraire au fin fond de l'Alaska !
Un autre jour, il fait le compte des êtres rencontrés au cours de la journée : un musher, un trappeur et deux corbeaux. Les températures : -20° F le jour, -30° F la nuit. Il est reconnaissant d'une journée aussi parfaite.
Il mentionne également, rapidement, que son genou gauche est toujours douloureux. Et montre comment il résoud le problème lié à ses semelles de chaussures, qui ont perdu leur pouvoir d'isolation. Il explique aussi qu'il ne peut manger autant qu'il en a besoin, ayant embarqué un minimum de nourriture, et qu'il doit faire avec la faim en permanence.
Vidéo 3 : la fin du périple jusqu'à Nome (les derniers 8 jours)
Avant d'atteindre enfin la côte, Mike Curiak profite d'une superbe météo (0° F et soleil, pas de vent) pour mettre à sécher toutes ses affaires, ce qui le rassure. Car il sait d'expérience que la côte peut constituer la portion la plus dure du périple à cause des vents violents et glacés qui peuvent y souffler sans répit.La côte c'est aussi le but du voyage parce que d'une beauté surnaturelle mais aussi parce que c'est une région où aucune erreur n'est possible.
Plus tard, après Elim, il se résout enfin à taper dans ses réserves alimentaires, il sait qu'il est en avance sur son planning. Et cet apport plus substantiel de nourriture lui permet de ne plus être la proie des hypoglycémies qui semblent avoir donné un côté hallucinatoire à une grande partie de sa dernière semaine.
Suivent des considérations pleines de bon sens sur l'apparente inutilité de chaque pas ou chaque tour de pédale, sur le temps requis quotidiennement pour s'alimenter, installer le bivouac, faire fondre la neige, dormir, nettoyer ses affaires. Et la conclusion qu'il lui faut faire chacune de ces choses, en temps voulu, car l'une après l'autre elles le mèneront là où il doit arriver.
Et après 3 semaines de neige uniquement sous les roues de son vtt, le bitume du pont le menant au centre de Nome.
'It ended way too suddenly'. Fin trop soudaine.
[Texte : Pat]