20 et 21 novembre 2010 :
Ce weekend-là eut lieu la célébrissime vente de vin des Hospices de Beaune, la plus grande vente de charité au monde faite aux enchères et qui a été présidée par l'acteur Fabrice Lucchini cette année.
A cette occasion, annuelle, un semi-marathon est organisé le samedi, départ donné aux hospices.
Ainsi, la fête est pour tout le monde ! Pour les fins gourmets argentés du monde entier et pour les sportifs régionaux (souvent gourmets eux aussi mais s’adonnant aux plaisirs gastronomiques avec modération).
Pas de semi pour moi. Que nenni !
Le 10.435 km suffisait amplement, à une semaine du Roc du Diable, et après seulement 3 semaines de reprise de la course à pied.
Courir sur route, bien que j'affectionne modérément cet exercice, constitue un bon entraînement. Et engendre moins de séquelles qu'un trail à fort dénivelé de la même distance. C'était aussi l’occasion de voir une autre famille de coureurs à pied d’oeuvre. Et puis surtout, ce départ en pleine ville de Beaune, aux hospices, cela avait de quoi attirer !
Ce fut également l’occasion de tester mes réactions dans une épreuve à participation importante ( sur la petite distance, nous étions presque 1300 au départ).
Samedi 20 novembre
Départ 13h40, sous ciel gris et nuageux. A proximité des Hospices.
Arrivée au Forum des Sports, sous la pluie.
1261 coureurs classés sur le 10.435 km, dont l’itinéraire passe par Pommard et ses célèbres vignobles.
Le parcours comporte quelques faux plats montants, quelques pentes appuyées mais courtes, et un bon coup de cul avec virage en épingle.
A Beaune, avant même le départ il y avait trop de monde, à mon goût. Et puis cette armée de sportifs revêtus d'un sac plastique aux couleurs d'une banque bien connue - bof ! Côté esthétique et écologique, y'a tellement mieux !
J’aime beaucoup être au beau milieu d’un peloton cycliste car cela ajoute au jeu, mais un peloton de coureurs à pied ne me fait pas rêver plus que cela. La sortie de ville se révéla compliquée, trottoir, bitume, re-trottoir, caniveau, bitume, attention lampadaire ou poubelle, ah là je suis enfermée, faux rythme, faut relancer, zut je suis au max, ça grimpe, ouverture à droite, et zigzag encore, tiens un gars qui pousse sa minette dans la montée, ben ça alors ! "pas vraiment éthique" , je le luis dis sur le mode plaisanterie, il s’offusque et me dit que sa compagne est ‘non voyante’ – oh zut, quelle sale mentalité que la mienne, je m’excuse, j’ai honte, je suis confuse. La descente est là - je les précède.
Le couple non voyante/voyant me repasse en montée, lui la poussant toujours – mais voilà qu’il la lâche et s'éloigne d'elle sur une cinquantaine de mètres lorsqu’ils arrivent à hauteur d’un photographe de l’organisation. Là j’ai comme l’impression d’avoir été roulée dans la farine – je monte à leur niveau, je m'étonne, il invoque la nécessité ponctuelle de lâcher sa compagne non-voyante pour la faire courir ‘aux sensations’ . Il se fout de moi ou quoi ? Mieux vaut que je stoppe le dialogue, de toute façon je suis dans le rouge complet !! (colère et zone cardiaque !!)
Et du coup, c’est à moi-même que j’en veux, quelle idiote que d’accorder de l’importance à ceci, après tout si c’est leur vision ( ?!) des choses, autant en rester là. Et puis, c’est peut-être moi qui ai tout faux, je suis trop suspicieuse.
N'empêche que par la suite, je verrai deux autres féminines filer dans la côte après Pommard, chacune poussée par son compagnon en montée, sur le plat et parfois en descente. Pas grave, mais ce genre de comportement est décevant. Et ne donne pas vraiment une image positive du sport version féminine. Mais baste, j’en reviens à la course !
Il a fallu attendre Pommard pour être à peu près libre de ma foulée. J'ai dédaigné le ravito, puis le stand de dégustation un peu plus loin !
Ensuite nous avons attaqué la partie sérieuse, j'ai bien cru que mon coeur allait péter en montée ou bien que mes jambes allaient se dérober sous moi en descente. Alors vous imaginez sur le semi ou le marathon ? Pas humain, ce truc - juste un effort total que j'ai été incapable de ramener à un niveau plus tenable jusqu'à la ligne d'arrivée. Probablement que j'ai couru à l'instinct, revenue à l'état grégaire, comme le font les bêtes sauvages apeurées lorsqu'un prédateur à la poursuite du troupeau les fait s'enfuir à toutes jambes. Sauf que là, pas de danger ! Donc même pas la notion de survie de l'espèce en jeu !! Alors peut-être l'aiguillon de la compétition, fourbi et entretenu par André (qui avait tenu à être sur le parcours en VTT et que j'ai mis un point d'honneur à ignorer du début jusqu'à la fin car je me doutais bien que ceci n'était pas tout à fait autorisé !!) qui m'adjurait de rattraper une autre compétitrice V2 à une trentaine de mètres devant moi ? Je ne sais.
J'ai franchi la ligne d'arrivée en apnée (sous des trombes d'eau, qui plus est !) après l'avoir désirée pendant de longues minutes. Donc je n'aurais pu donner davantage au niveau de l'effort respiratoire, cardiaque ou musculaire. Par contre, côté technique, y'a du boulot ! Mais bon difficile de s'improviser coureuse à pied aussi tard, et à mon âge. Bien sûr, si je peux le travailler, je vais m'y essayer mais la marge de progression est limitée.
Pour faire court, ce que j’ai constaté :
l’effort fut total en ce qui me concerne (moyenne FC 174 bpm sur les 53 mn) et j’ai atteint un max cardiaque de 182 bpm non titillé depuis belle lurette sur le vélo - je rajeunis ....si accepter (?!) de se faire mal, tenter de transformer la douleur en énergie brute signifient rajeunir ! En montée et descente, je fus plus à l’aise que mes ’concurrentes’ directes mais sur le plat je régresse, mes foulées étant probablement pas assez rapides . Enfin le travail du haut du corps laisse à désirer.
[Texte : Pat - Photos : André ; sites internet et sous licence Creative Commons]