Début mars, quelques jours enfin pour rouler ailleurs que sur nos routes habituelles.
Nous avions envisagé de rendre visite à Sophie, à Carcès, dans le Var. Mais les résidus de grippe, les prévisions météo bof bof pour la région Paca, la décision de faire un crochet par Florac en Lozère, chez Thierry et Régine, avant de nous rendre à Chadenac, à côté du Puy en Velay, Haute Loire, pour le dernier weekend de nos congés font que nous décidons de descendre en Ardèche méridionale – la lecture assidue du blog de Patrick Bernard étant également pour quelque chose dans notre choix de dernier moment !
3 heures de routes tranquilles nous mènent sur les plateaux de Haute Loire puis dans la descente pittoresque sur Aubenas et nous voilà à proximité de Ruoms. Nous élisons domicile à l’Auberge du Sapède à Chauzon – en fait, début mars, peu d’hébergements disponibles en Ardèche mais celui-ci nous convient à merveille.
Soleil, ciel bleu sans mélange, et chaleur nous accueillent. Aucune hésitation à enfourcher nos vélos pour une première visite cycliste des environs en ce radieux dimanche après-midi.
Départ par la montée nous menant sur le plateau au-dessus de Chauzon, paysage de garrigue, larges plaques et concrétions calcaires, panorama sur les montagnes des Cévennes, le décor est planté.
Puis les routes vertes de Vinezac et La Vernade, vue plongeante sur le bourg de Largentière dominé par son château du 15° siècle.
Là, direction Valgorge, alternance de petites montées et descentes, le ton ardéchois est donné.
Nous bifurquons à gauche, direction LaGua et descendons des gorges dessinées par la Baume, sept kilomètres à longer cette rivière dont les eaux tout d’abord vives et tumultueuses s’épuisent contre d’énormes boulets, puis assagies, s’écoulent entre des bancs de gros galets ronds et polis, avant de s’unir à la Drobie– tout un trajet de vie aquatique présentant bien des similitudes avec la nôtre !
Après une côte charmante, qui semble vouloir célébrer les épousailles Beaume-Drobie, nous arrivons au bourg de Joyeuse qui, selon une belle légende, tiendrait son nom de la célèbre épée de Charlemagne. La crucifixion du Christ, les fiers compagnons de Charlemagne se ralliant au cri de ‘Montjoie’, et les rues de cette ancienne cité prospère que nous parcourons à vélo – tout se tient, tout s’emmêle.
Ici aussi le ton est donné, celui de cet enchevêtrement historique, de cette juxtaposition des âges de la terre et de l’humanité qui se donnent à lire dans les paysages ardéchois, plus qu’en d’autres contrées ou régions.
Sentiment troublant, émouvant, probablement à l’origine de l’envoûtement que l’Ardèche méridionale exerce sur moi, après seulement quelques heures à pédaler sur ses routes. Et qui ne me lâchera plus.
Nous rejoignons Ruoms par son Défilé où la nature s’est faite architecte de génie, offrant un écrin calcaire de toute beauté à la confluence de la Ligne et de l’Ardèche. Beau macadam pour une montée à la pente facile, notre œil peut se gorger des lignes qui nous dominent à la verticale et à l’horizontale. Puis les voutes rocheuses, aux jambages ajourés, qui viennent parachever ce grand œuvre.
Et le pont qui enjambe les eaux calmes, immobiles de l’Ardèche où se mirent les bâtiments d’anciennes brasseries de Ruoms.
Ce premier circuit, ravissant, fut une séduisante introduction à ceux qui nous attendaient les jours suivants.
Lundi, les Gorges de l’Ardèche.
Mardi, le plateau de Gras et la vallée de l’Ibie, pour André – course à pied nature dans le Cirque de Gens et le plateau de Faussimagne pour moi.
Mercredi, les cols de la Croix Millet, de la Croix de Bauzon et de Meyrand (1371 m) sur les contreforts cévenols.
Chacun de ces itinéraires fut différent : impossible d’en préférer un, ils sont tous essentiels. Tous enchanteurs.
Et je n’ai qu’une envie, les retrouver, les agrandir, les entrecroiser.
Ainsi que de partir à la découverte de cet entrelac de routes que les cartes géographiques exposent à notre désir sans aucune pudeur !
Routes dont les détours permettent la rencontre de gens savoureux, tel ce jeune épicier multi-services de Lagorce qui, en quelques 15 minutes, nous a convaincus du bien-fondé de son militantisme.
L’Ardèche, en cette saison, offre des routes sûres aux passionnés de la petite reine. Nous avons été conquis par la civilité des automobilistes ardéchois à notre encontre – patience, respect, vigilance et prévoyance. Quel bien cela fait, et que cela en dit long sur le caractère ardéchois ! Même s’il faut se garder de tout ‘éthiquetage’, pour reprendre l’expression de Didier Jungers.
L’Ardèche - probablement le début d’une belle histoire cycliste! Ces quatre jours ont écrit une superbe introduction au conte vélocipédique qui ne manquera pas de suivre – notre faim de vélo dans cette contrée a été définitivement aiguisée !
[Texte et mise en ligne : Pat - Photos : André et Pat - Film diaporama : Pat]