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PEREGRINATIONS
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L'ARDECHOISE VELOMARATHON 2008

L'ARDECHOISE VELOMARATHON 2008

Mosaïque ardéchoise : 12 heures reconstituées.

 

 

 

Allez, il est l’heure de m’atteler au compte-rendu de l’Ardéchoise VéloMarathon (sigle AVM sur le bitume, tout au long du parcours….plus prosaïquement 268 km, et 4930 m de dénivelé). Le week-end approche de sa fin, déjà. La récupération n’est pas encore achevée, mais l’état d’extrême fatigue de ce dimanche matin prend déjà la forme rassurante d’un souvenir.

Journée d’hier (samedi 21 juin) échevelée à St Félicien, ambiance de fête populaire avec son cortège de visages souriants ou rieurs, de mains tendues, de viva, de musique, de flonflons et de bal musette, de couleurs jaune et violine flamboyantes sur toutes les routes somptueuses et noyées de lumière et de soleil de l’Ardèche. Sans conteste LA grande fête populaire du vélo….le jour de la Saint Jean, impossible de rêver mieux !

Sur place à Saint Félicien dès le vendredi soir, avec la Patrouille Eco Cyclo, nous sommes sur le devant de la ligne de départ…Patrick François interviewé sur ce ô combien nécessaire programme : Think Environment, notre Patrouille photographiée….Haie d’officiels, essaim de journalistes et photographes, hélicoptère bourdonnant au-dessus de nos têtes, pêle-mêle de voitures et motos à quelques mètres devant, les milliers de cyclistes déjà rangés dans les sas derrière, la chaleur déjà présente, Miss Ardéchoise au si joli sourire tout de rose vêtue, les appareils photo qui crépitent, la caméra TV sur une épaule ; d’autres cyclistes qui arrivent, encore et toujours, des féminines en tenue d’indiennes d’Amérique, un quatuor de cyclistes fortement charpentés et aux cuisseaux impressionnants (F.Moreau inscrit sur le dos de leur maillot….sûrement des pistards !) ;  le dossard n° 60…je hèle Martine Faure, ravie de l’avoir aperçue, une bise et nous échangeons quelques propos rapides ; Gérard Mistler interviewé..mais que dit-il ?… impossible d’entendre quoi que ce soit avec ce bruissement agité de vie tout autour ; Alain me fait signe...il est là avec Laurent Marcon, superbe Champion de France Masters FFC, le temps de quelques mots puis chacun se concentre à nouveau ; un signe tout particulier à André, souhaits de bonne chance murmurés à son intention, et je m’installe dans mon espace réduit à rien par la pression exercée par les cyclistes quelques secondes avant le départ. Pas encore fait un tour de roue, mais quelle ambiance déjà !!! Quelle excitation, quelle énergie assemblée dans cette foule…….

 

Voilà, c’est parti. Je vois les maillots verts de la Patrouille Ecocyclo prendre le devant de la cohorte. Je laisse filer. Je laisse le temps au moteur de monter dans les tours et aux muscles de monter en température (car bien sûr, pas d’échauffement…tout le contraire de ce qui est préconisé dans les mags !). Je sais que la journée va être difficile, très difficile même, mon organisme ne supporte pas la chaleur…la surchauffe est donc au programme, c’est certain. Très vite, je trouve un bon tempo. Et monte le Buisson sans vraiment d’efforts. Une féminine…Christine Gallot …… me dépasse après m’avoir interpellée par mon prénom (quelle excellente idée ces dossards portant les noms des compétiteurs !!), elle paraît facile, je prends sa roue et la suit jusqu’au sommet. Ce sera la seule et unique rencontre sympa avec une féminine sur tout le parcours !! (en ai aperçu d’autres, mais saluer et échanger quelques propos entre femmes ne semble pas faire partie de la panoplie de la compétitrice type..)

Ensuite s’enchaînent les montées, les descentes, les pelotons plus ou moins importants, les traversées des villages multicolores et sonores. La seconde partie du col de Mézilhac est magnifique, je savoure. Une superbe descente dans un petit groupe à l’unisson, de belles trajectoires. Puis Antraigues. Le désir de revenir dans ce magnifique village. Tout va vite, trop vite…cyclosport et tourisme ne font pas bon ménage, hélas !

Le col d’Aizac, un début pentu, moins difficile que je ne le croyais. La chaleur commence à me peser. Déjà les fréquences cardiaques s’emballent. Deux ou trois  noms que je verrai souvent dans les ascensions et descentes qui s’ensuivent, ceux de Charles Layris, Daniel Chapeau, Daniel Plisson.

Au tour du col de la Barricaude. Très vite, la chaleur devient très pénible. Le cardiaque suit de moins en moins bien, les pulses ne montent plus, l’impression de suffoquer, d’étouffer, la tête qui chauffe, chauffe, la migraine qui pointe, les pieds qui enflent, le dos qui se tend, les jambes si lourdes à remonter, la peau comme échaudée puis soudain qui se couvre de chair de poule, j’ai chaud, j’ai froid, le cerveau qui ne veut plus de tout cela, qui voudrait pouvoir se débrancher…l’agonie doit ressembler à cela !! Je m’isole dans ma volonté de rejoindre le sommet sans m’arrêter.

Suivra un ravito salvateur quelque part (trop dans le gaz pour vraiment savoir où !). Le sentiment de ne plus avancer, mais je sais qu’après le pire vient toujours le mieux. Je pédale tant bien que mal, adopte l’état de conscience animal pour rejoindre le Gerbier de Jonc dans les délais (ne sais même pas l’heure qu’il est). Après tout, c’est le seul vrai objectif de ma journée : un ‘entraînement’ pour le REV.

Voilà, j’ai bifurqué à gauche au Gerbier de Jonc. Et là, je passe sans coup férir du mode cyclosportif au mode Grand Randonneur en solitaire…je ne reverrai plus cycliste qui vive jusque dans les derniers kilomètres du col de l’Ardéchoise.

Dois-je l’avouer ? Ces moments de solitude complète, dans la splendeur du plateau de la Haute Ardèche, dans la douceur des arrondis des sucs, dans l’émerveillement des genêts, dans l’ordre structuré et minéral des toits de lauze, dans la fraîcheur enfin retrouvée, dans la brise vivifiante et sur cette route au profil de tôle ondulée, constituent le point d’orgue de mes 12 heures ardéchoises.

La Chapelle sous Chaneac, Chaneac…14h45… manifestement la fête est proche de son épilogue, je dois être parmi les derniers cyclistes.

Superbe montée du col de l’Ardéchoise. Route qui serpente à l’abri dans les bois, la pente est intéressante ! Dernière partie à découvert, les genêts toujours, le ciel là-haut, un hameau de pierres, des agriculteurs qui eux travaillent le dimanche…du bleu, du jaune, du vert, du gris…

Mes craintes sont confirmées : les pulses saturent à 159 bpm (au lieu de 175 bpm), à chaque col le maximum cardiaque descend, cela promet pour le Buisson…vais devoir le monter à 140 max, allure endurance basse !! même en marchant et en poussant mon Colnago, suis pas sûre de ne pas dépasser cette fréquence. Bah, qui vivra verra……En attendant, je veille à m’alimenter un peu, à boire suffisamment malgré la nausée présente depuis la Barricaude. Et bien sûr, à m’arroser les pieds, jambes, nuque et visage avec de l’eau fraîche dès que possible.

Je rejoins la civilisation cycliste en haut du col de l’Ardéchoise. Certains s’interrogent sur la nécessité de poursuivre…je file. Long temps de descente, plaisir intégral de tourner les jambes sur la plaque, de sentir que le plus dur est fait. Dans la vallée, à partir de Saint Martial, je rattrape de nombreux cyclistes dont la plupart semblent très fatigués.

Surprise de la longue montée du col de la Clavière ! Incrédule, je lis ’16 k’ sur le sol….mais la pente est légère. Malheureusement, la chaleur elle se fait pesante. Et le scénario de la Barricaude, en édulcoré, se déroule à nouveau. Cette fois je ferai une pause à mi-pente pour faire redescendre les pulses qui se bloquent à 159 et éviter la dangereuse surchauffe que je sens poindre, étirements, arrosage, barre mâchée avec dégoût. Puis encore une autre pause, un tuyau d’arrosage salvateur, deux ou trois verres bus goulûment. Fin du col, le plus étrange c’est que ce sont les bras qui me font le plus souffrir, j’ai l’impression parfois que je pourrais en lâcher le guidon – la cause en est probablement la perte abondante de sels minéraux. Et encore un ravito sur la grand place d’un village (mais lequel ?) où stationnent les cars prêts à rapatrier les cyclistes ayant jeté l’éponge. Je discute un peu, première fois que je prends le temps de faire une pause, même  s’il ne reste plus grand chose à manger,  certains s’étant empifré sans retenue auparavant !

Enfin le Buisson et ses 15% initiaux, le sésame de la fin du VéloMarathon. Plus grand monde à cette heure-là, tous les orchestres ont plié bagages, ne restent que les pancartes ! Atmosphère de fin de fête………Températures et lumière se sont adoucies en cette fin d’après midi estivale, mais mon pauvre cœur est bien fatigué…et plafonne à 145 bpm, un peu mieux que prévu. Merci mon cœur pour m’avoir portée en haut de cette dernière difficulté ! Je goûte aux moments d’apaisement de la pente, me réjouis de passer là aussi tard, dans le calme.

Les jambes elles vont plutôt bien, j’ai veillé à ne pas descendre en-dessous de 70 tpm dans les ascensions, et elles tournent rond, pas de problème…ce qui m’a permis de me faire un plaisir immense dans les descentes !

Ligne d’arrivée franchie à 19h30. Douze heures après avoir pris le départ. Just perfect !!

 

 

 Classement Vélomarathon: 51 classés dont 2 féminines : Martine Chaudier (41° sccratch, 1°B, 11h30, 23.29 km/h) Pat Berthelier (1° C, 45° scratch, 12h00, 22.30 km/h).