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PEREGRINATIONS
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LA TIME MEGEVE 2008

LA TIME MEGEVE 2008

Dimanche 8 juin 2008
 

  • Départ de Sallanches.
  • 2500 participants. 
  • Itinéraire du Grand Parcours : Scionzier - Col de la Colombière - Le Grand Bornand - La Clusaz - Col des Aravis - Giettaz - Flumet - Crest Volland - Les Saisies - Signal de Bisanne - Hauteluce - Les Saisies - Praz sur Arly - Megève 
  • 140 km, 4000 m de dénivelé

A noter : nous étions une centaine de femmes à prendre le départ hier matin. Pas rien, quand même, surtout pour nous colleter aux dénivelés impressionnants de la Time (un ratio de 28 m par km pour le 140!!).

Certes, nous n'étions que 9 sur le 140 km, mais je trouve que c'est déjà beaucoup et suis sûre que ce chiffre ira en augmentant !!

Je ne vais pas faire dans les détails, ma journée d'hier fut un vrai plaisir, pas de pluie...pensez donc, m'en suis félicitée pendant 7 heures...et même pas trop chaud ! Même pas besoin de mettre un coupe vent pour descendre les cols. Donc reconnaissante...Ensuite, ça me plaît énormément de pouvoir rouler sans jamais être seule (le contraire du Raid Provence Extrême, je sais, mais j'aime tout et son contraire...le paradoxe que l'on dit féminin !), ça me motive pour me 'faire mal', pour garder les pulses haut, trop haut souvent, et  finir les ascensions avec les muscles à l'agonie, sans me poser de questions...fini le temps où je voulais toujours 'gérer' les efforts et les indexer à la distance que je parcourais...maintenant je lâche tout et je vois bien ce qui arrive. Clair qu'hier, j'ai vu !!

Les derniers kilomètres de la Colombière à l'arrachée (mais vu qu'il y avait des féminines de partout, j'allais pas lâcher le morceau aussi facilement)...une descente pas vraiment satisfaisante, je n'ai  d'ailleurs été vraiment contente d'aucune de mes descentes - n'en ai pas assez fait cette année, pas de cols descendus depuis le RPE il y a un mois, et puis tellement de cyclistes autour avec des trajectoires bizarres, et puis une fois que je me suis dit que je descendais très moyen, j'ai manqué de concentration, de lucidité..bref à   améliorer très vite !!

Où en étais-je ? Ah oui, les Aravis...m'a permis de me refaire une petite santé, et de redorer un peu mon blason peu brillant d' "avaleuse de cols" !! Puis la montée sur les Saisies par Crest Volland. Au bas, vision rapide du/des premiers du 110 en train de dévaler ..... Ai tourné les jambes, sans me poser de questions, et sans trop abonder au discours de quelques gars autour de moi, du style 'Ben c'est quand que ça arrête de grimper ?'..'j'en ai ma claque'..'je savais pas...'. L'expression de la fatigue, certes, sûrement aussi un peu de dépit...Nous les femmes, je crois que nous sommes moins négatives quand ça va moins bien - enfin faut pas non plus faire dans les généralités. Bref, j'ai monté à ma main, la tête je ne sais pas trop où, mais sans trouver que la montée n'en finissait pas..en fait, les derniers kms avant les Saisies sont vite arrivés. Et puis, nous avons croisé tous ceux du 110 qui enquillaient la descente sur Flumet , ça m'a boosté, c'est super ce chassé-croisé de cyclistes, chacun dans son temps, tous tendus vers la même destination.

Ouf, soulagée, heureuse, je peux filer en direction du Signal de Bisanne, je suis dans les délais. Trop contente !! Au passage, je croise un cycliste en bleu…tiens, tiens, je connais ce bleu là….ce qui veut dire que j’aurais pas loin de 2h30 de retard sur le premier, j’imagine ! (bon je bloque là le vagabondage stérile de mes calculs sinon ma dignité va en prendre un coup, je le sens !!).

Après cette rencontre,  mon premier et seul arrêt à un ravito. Deux barres, le bidon qu'une des bénévoles me remplit si gentiment et hop je repars...et monte à l'assaut du brouillard qui enveloppe le Signal. Une toute jeune femme me dépasse, elle tourne super bien les jambes, en souplesse, semble facile, je la laisse s'éloigner. De toute façon, ma 'philosophie' cyclosportive est claire depuis  belle lurette..je ne suis pas en compétition avec les autres féminines (au contraire, les considère comme des alliées...elles me 'boostent', me révèlent souvent des vérités sur moi-même, et puis elles sont si rares dans ce monde d'hommes qu'elles en deviennent précieuses !). En fait, la compétition se situe entre moi ….et moi…je m’explique : ma tendance à faire dans le facile (l’inertie, quoi !)  et mon désir de progresser toujours (mon énergie vitale, donc ) !! …mais j’imagine qu’il en va ainsi pour la plupart d’entre nous…

Enfin, me voilà donc dans le brouillard le plus complet, j’y vois pas à 5 mètres, et ça descend. Mais j’aime bien, et puis après tout en comparaison de la descente nocturne du Verdon effectuée pour le RPE, c’est pas franchement dangereux. Par contre, je me refroidis. Et lors des premiers hectomètres de la remontée sur les Saisies, mes jambes ne sont rien d’autre que des poteaux….rien d’autre que de vulgaires poteaux de téléphone en bois ! Bon, sois patiente, tourne-les ces poteaux disgracieux et inefficaces et  cela ira mieux dans deux ou trois bornes….mentalement je travaille l’image de l’afflux du sang et d’oxygène dans mes muscles sur les  expirs, ce qui se révèlera efficace. Et me permet de faire cette dernière ascension avec plaisir, je suis concentrée, plus de groupes, nous sommes tous à une trentaine ou cinquantaine de mètres les uns des autres, chacun dans son effort, dans son imaginaire, un bonjour quand l’un de ces messieurs me double, parfois agrémenté d’un ‘bravo’, ou quand je dépasse l’un de ces messieurs. Les trois derniers kilomètres, les muscles ne répondent plus vraiment, je suis limite crampes de tous les côtés, j’alterne le travail musculaire,  les mollets , les ischios, les quadris, j’oxygène pour éviter le blocage ou l’attaque sauvage des crampes… Les Saisies sont là…finalement le temps et les km filent si vite, il ne reste plus que la descente (impitoyable pour les muscles de la nuque !!), les quelques kilomètres pour remonter sur Megève que je parcours seule, vent de face je crois, parce que je n’ai plus le jus nécessaire pour accrocher les roues du petit groupe formé durant la descente.  Je ne lâche toujours rien, suis toujours au maximum de mes possibilités limitées…le dernier rond point, l’arche blanche. Mon temps : 7h02. Il s’en faut de deux minutes pour que mon contrat silencieux avec moi-même soit rempli – mais bon, faut pas non plus exagérer, suis contente tout de même, parce que ce parcours je ne l’ai vraiment pas trouvé facile ….faut dire que question entraînement à mieux grimper et à mieux descendre cette année, ce fut plutôt léger.

La suite fut légère et joyeuse : discussion avec Isabelle Boutin avec qui j’ai fait connaissance sur la ligne d’arrivée, une spécialiste du trail longue distance en CAP qui s’est courageusement lancée sur le 110 …nous parlons ultra, et sommes sur la même longueur d’ondes de suite. Puis la file d’attente pour un plateau repas sans pitié pour la végétarienne que je suis. Raphaël, Laurent L et Gilles  me font signe…ouahh, quelle perf, Raphaël ! Mais pas le loisir de l’entendre conter toute sa course, trop de propos qui fusent de tous les côtés.

André arrive pour manger. Il me raconte…il est lui aussi content de sa Time, 6h18, mieux qu’il y a deux ans.

Puis la remise des récompenses et la tombola, moments très sympas. André a même gagné un lot !

And that was it !! The day was nearly over……le plein de sensations avait été fait. Comblés.

 

[Texte et mise en page : Patricia - Photos : André CAVAZZANA, www.crancycles.com]

 

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