Celles-sur-Durolle : le lieu de départ de la Bois Noirs Oxygène, en 2015
Dimanche 28 juin 2015, Celles-sur-Durolle, dans le Puy-de-Dôme (63)
La Bois Noirs Oxygène, randonnée VTT au label d'excellence RANDO D'OR de la FFC
Il est tôt, la journée s'annonce belle. Christophe et moi sommes en place, prêts pour une méga-journée plaisir sur nos VTT.
Inscriptions faites, café pris, propos de bienvenue échangés, nous voilà partis avec un copain de la BCP retrouvé sur place. Il ne s'agit pas de lambiner, nous avons du pain sur la planche - 70 km pour Christophe, 100 km et 3100 m de dénivelé positif pour moi.
Mes deux compagnons sont ardents, en montée comme en descente. Il faut dire qu'ils sont jeunes, les bougres. Comme je le suis bien moins qu'eux, j'ai un peu de retard à l'allumage, et surtout je sais que la journée va être longue, que nous avons du temps devant nous.
Je les laisse donc rapidement s'éloigner, contente de me retrouver dans mon rythme - enfin, je jure bien une fois ou deux, lorsque je suis empêtrée avec mon Era sur le dos, les roues prises dans les branches d'arbres qui balisent un raidillon de fortune - pétard, le 29 pouces, c'est pas top parfois. Je peste un peu également lorsqu'il me faut suivre un single accidenté et peu commode en bordure de ruisseau, au fond des bois - je m'inquiète surtout de ce qui va suivre car si le reste des 100 km est à l'image de l'entame, je vais en baver des ronds de chapeaux, et davantage encore. Pourtant, l'endroit est idyllique, petits ponts de bois, moulins en pierres, parois végétales et rocheuses, ruines pittoresques, arbres de différentes essences qui se pressent autour de moi, sentier qui monte et descend, vire de-ci de-là. Le tout baigné dans une glorieuse lumière matinale d'été déjà bien chaleureuse à l'effort, ou bien encore dans une ombre rafraichissante.
Je me résolus très vite à accepter la difficulté du parcours - 'ok nous verrons bien ce que nous verrons' ! Et à profiter de ce magnifique espace de nature et d'histoire, car j'étais dans les Gorges de la Durolle, à proximité de la ville de Thiers qui fut, comme chacun le sait, un haut-lieu de la coutellerie. Chutes d'eau, moulins et rouets étaient là pour en témoigner.
Bientôt je débouchai sur la partie basse de Thiers. Suivit une longue montée abrupte, faite en compagnie agréable, et bavarde. Tout au long de cette grande journée, je fus seule la plupart du temps, ce qui m'a ravie, sur le long il faut savoir épouser son rythme interne au plus près. Cependant, je n'ai pas dédaigné faire un bout de chemin avec l'un ou l'autre occasionnellement, ou échanger quelques propos et encouragements avec les plus bavards au gré des dépassements. Pas d'autre féminine, hélas, mais je m'y attendais un peu. Très souvent d'ailleurs, il n'y avait pas grand monde sur les sentiers et j'ai toujours été très attentive au balisage, absolument parfait de bout en bout - imaginez le boulot pour baliser 100 km de randonnée VTT/XC - sauf en une occasion. Chasseurs plaisantins ?
C'est d'ailleurs ainsi que j'ai fait la connaissance de Bruno - dans les détours et méandres d'une section forestière où l'un et l'autre nous hésitions sur le chemin à suivre....je dois avouer que je fus contente de le trouver là, au milieu des bois, en proie aux mêmes interrogations que moi. Heureusement, la carte embarquée sur mon Garmin 1000 nous a donnés le cap à suivre.
Ayant réalisé que Bruno portait un maillot de l'ACBB, je lui demandai s'il connaissait Laurent L - bingo ! Et voilà que, perdus dans le fonds sylvestre de la nature, nous évoquions un copain commun....si jamais tu passes par Pérégrinations, Laurent, peut-être te souviendras-tu avoir eu un sifflement d'oreilles en ce matin du 28 juin, alors que tu devais probablement en découdre dans quelque peloton cyclosportif haut en couleurs.
J'ai aussi fait un petit bout de chemin commun l'après-midi, fort agréable, mais mon disert compagnon dont je n'ai pas su le nom, a eu un malacontreux bris de chaîne .....je l'ai abandonné, avec sa bénédiction.
Les points de contrôle offraient la possibilité du retour au commerce humain - merci aux bénévoles de nous avoir attendus à tant d'endroits différents, et parfois si longtemps, mais je ne me suis jamais apesantie, ni sur les bavardages, ni sur la nourriture offerte. Cinq minutes, le plus souvent moins que cela. Lorsque je suis à vtt, j'aime que le mouvement soit continu, le regard en action, à fouiller au devant, à scanner le terrain, et mes pensées uniquement occupées à l'instant, à jauger, prévoir, choisir, faire le compte des techniques de franchissement à ma disposition, estimer le risque encouru, à ne pas perdre de vue que mon regard ne doit pas s'attarder, être porté vers l'avant toujours. Tout arrêt, ou toute conversation, viennent rompre cette bienheureuse concentration, et fragilisent mon équilibre toujours mobile. J'adore les longues heures seule au guidon de mes vtt, moments sans paroles mais vibrants : la relativité du temps prend alors tout son sens poétique, à mes yeux. Plus encore que lorsque je suis sur une longue distance en vélo route. Ce qui est probablement la raison pour laquelle je suis devenue complètement accroc...
Je n'en dirai pas davantage sur cette merveilleuse journée dans le massif forestier des Bois noirs - après deux heures, tout s'est confondu une fois installée dans mon temps bien à moi. Ce que j'en ai retenu, hormis les images flashes des moments magiques où mon pilotage était proche de la perfection, tient à quelques mots : une immense respiration euphorisante prise dans un écrin de verdure toujours changeant.
Et à l'arrivée, l'immense plaisir de retrouver Christophe, comblé de sa journée. Lavage des vélos, des humains. Restauration....et retrouvailles avec Jean-Mi, pilier de mes Jurassiques. Et avant de reprendre le volant, Christophe m'a offert une pression sur les marches gorgées de soleil et de chaleur du centre du village. Journée parfaite.
A titre indicatif ou informatif, les notes prises à l'issue de la randonnée et envoyées à Mika, il y a bien longtemps déjà ....presque huit mois !
8h37 roulage
100 km
3100 m den +
Les 45 premières bornes sont un vrai challenge technique, en montée, en descente et en portage ! Avec une nature et des paysages superbes. Ensuite, heureusement, plus facile, mais ça reste quand même corsé ! Superbe organisation, fléchage, tracés, ravitos tous les 15 km, + départ/arrivée, site d'accueil. Pour la modique somme de12 euros ! Incroyable.
Etions 49 sur le 100 km. Et ils étaient une soixantaine sur le 75 km - avions un tracé commun en grande partie. Ne me suis pas ennuyée une minute, tant le terrain était varié.
Données cardio en rade...mais pas au max, ai bien géré avec un départ prudent, ai ensuite pu envoyer la sauce dans les montées hyper techniques et longues et passer des trucs que je n’aurais jamais pensé être capable de passer. En cours de route, petit problème de carburation dû à une hydratation et une alimentation insuffisantes - un coup de moins bien vers midi, pas assez bu ni mangé. Ensuite un bidon 500 ml tous les 8 km et une pâte de fruits + un peu de jambon/saucisson//fromage aux ravitos, et nickel. En fait, en vtt, il me faut beaucoup plus de carburant qu’en route, les efforts étant différents - et puis il faisait très chaud en début d’après midi.
Sur les 40 derniers kilomètres, tout m’est apparu d’une facilité déconcertante, je n’en revenais pas, me demandais si c’était bien moi qui 'volais' dans les montées et les descentes - certains ont été écoeurés si j'en juge par certaines réflexions entendues au passage. Bref, une journée fabuleuse sur le vtt, d’ailleurs un peu de mal à redescendre depuis.
A noter :
- le lendemain des Bois Noirs, bien fatiguée (grosse envie de dormir toute la journée) quand même mais impeccable côté musculaire ou squelette, donc la preuve que j’étais bien préparée
- surlendemain : tout à fait ok !!!
- leviers de frein positionnés un peu trop bas, et donc un peu trop de tension dans les paumes et doigts en fin de randonnée - A remonter.
Je ne peux m'empêcher de citer le commentaire de Mika, à propos de mon feedback retranscrit ci-dessus - trop fière et trop contente ! Rien que pour lire ces lignes, cela valait la peine de me lever à 4h00 du matin....et de me coucher absolument vannée !
Heureux que tu aies vécu de pareilles sensations ce dimanche...mais le secret est dans ton bilan de la semaine. Si tu observes bien, tu as 4 jours de "repos complet" (au moins au niveau sportif....parce que la Vie est bien chargée en ce moment...) et je pense que c'est ce qui t'a permis de te présenter en forme pour ce 100km très éprouvant. Ton vécu, ta régularité et la densité de tes entrainements ont fait le reste: tu as une forme épatante, tu es une grande athlète que la majorité des jeunes d'aujourd'hui ne suivrait pas, donc normal que tu en aies "écoeuré" plus d'un....Ca, c'est la grande classe!!!
L'est pas juste merveilleux mon coach ? Ok je sais qu'il a carrémment exagéré niveau louanges, mais bon je prends quand même - mon égo ne craint pas un bon petit coup de brosse à reluire de temps en temps !
La vidéo de cette édition 2015, de Benjamin Nourri